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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/426

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sur une assez grande étendue du rivage, et s’y présente même dans une puissance remarquable : la lanterne du port, et les trois lazarets de la ville sont bâtis sur une pareille roche, dont on s’est également servi pour la construction, soit de ces établissemens, soit de la plus grande partie des maisons de Livourne. Targioni soyzetti viaggio in Toscana, vol. II pages 462 et suivantes, nous a donné des détails intéressans sur cette roche, où l’on a trouvé, outre des coquilles marines, des restes d’éléphants et de cerfs gigantesques. Il paraît cependant qu’il l’a confondue quelquefois avec la marne bleue, sur laquelle elle repose en quelques lieux, et dont il faut cependant la séparer géologiquement parlant : ce grès est désigné actuellement sous le nom de piétra di lantignano ; effectivement les carrières de cet endroit sont les plus connues et les plus achalandées ; le grès y atteint 8 mètres de puissance à quelques milliers de mètres de la mer et à une élévation de 30 mètres environ au-dessus de son niveau. En voyant ces carrières, je me suis cru transporté dans celles que j’avais vues quelques jours auparavant à Majorque, près du cap Tudevocat ; la roche, composée de grains calcaires assez minces agglutinés par un ciment calcaire terreux, est parfaitement pareille à celle de Sicile, de Sardaigne et des Baléares, avec les mêmes circonstances de gisement ; elle est également assez pauvre en fossiles, qui, près de la mer, sont marins, et pareils à ceux que les ondes rejettent sur le rivage : le grès de Leutiquano repose sur le calcaire gris clair à fucoïdes que l’on voit bien distinctement au jour et en place dans le lit d’un ruisseau voisin. Leutiquano se trouve au pied du Monte Nerv de Livourne, dont la cime est de serpentine et la base de calcaire à fucoïde.

« Pour compléter mes observations sur ce grès, que je ne balance plus à regarder comme appartenant à une formation bien distincte de la Méditerranée, et dont l’âge est postérieur aux grandes coulées basaltiques de la Sicile et de la Sardaigne, qui ont recouvert le calcaire tertiaire du bassin méditerranéen, j’ajouterai que m’étant procuré des échantillons de la roche qui compose le sol de l’île de la Pianosa près de l’ile d’Elbe, j’ai pleinement vérifié ce que je soupçonnais depuis long-temps, savoir, que ce terrain fait partie de la formation dont il s’agit, et que pour le moment je nommerai quaternaire, la distinguant cependant de celle que M. Desnoyers a nommée ainsi, puisqu’il paraît comprendre dans cette catégorie plusieurs terrains tertiaires de notre bassin méditerranéen. Voilà les principales observations que j’ai cru devoir soumettre à la Société ; la perte probable des échantillons que