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Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/159

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l’épouse qui vous convenait ; mais maintenant que vous êtes plus âgé, il vous faudrait une femme d’un caractère plus souple et plus calme.

— Paix ! je vous en conjure ! »

On changea d’entretien. À midi M. Merton, qui avait appris l’arrivée de Cleveland, vint faire visite à Burleigh, pour renouveler leur ancienne connaissance. Il l’invita ainsi que Maltravers à passer la soirée au presbytère, et Cleveland, en apprenant qu’on y faisait tous les soirs le Whist, accepta pour son hôte et pour lui. Mais quand vint le soir, Maltravers prétexta une indisposition, et Cleveland fut obligé d’y aller seul.

Quand le vieux gentilhomme rentra vers minuit, il trouva Maltravers qui l’attendait dans la bibliothèque. Cleveland, qui avait gagné quatre robres, était de très-bonne humeur, et par conséquent fort communicatif.

« Ermite incorrigible, allez ! dit-il ; vous parlez de solitude, lorsqu’il y a une famille aussi charmante à cent pas de chez vous ! Vous méritez votre isolement ; vraiment, je n’y puis compatir. On se plaint amèrement de votre désertion au presbytère, et l’on dit que vous étiez, dans les premiers temps, comme l’enfant de la maison.

— Ainsi la famille Merton vous plaît ? Le ministre a du bon sens, mais c’est un esprit ordinaire.

— C’est un homme très-agréable, en dépit de votre dédaigneuse définition, et il joue fort bien le whist. Mais Vargrave y est de première force.

— Vargrave est encore au presbytère ?

— Oui, il vient déjeuner avec nous demain. Il s’est invité lui-même.

— Ah !

— Il n’a fait qu’un robre. Pendant tout le reste de la soirée il s’est consacré à la plus ravissante jeune fille que j’aie jamais vue, miss Cameron. Quelle charmante physionomie ! si modeste, et pourtant si intelligente ! Je lui ai beaucoup parlé entre les parties, quand je ne tenais pas les cartes. J’ai failli perdre mon cœur auprès d’elle.

— Et vous dites que lord Vargrave s’est consacré à miss Cameron ?

— Mais certainement ; vous savez qu’ils doivent se marier bientôt. C’est Merton qui me l’a dit. Elle est très-riche. Il a un bonheur incroyable, ce Vargrave ! Mais il est beaucoup trop âgé pour elle, elle m’a paru être de cet avis aussi. Je