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Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/16

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de Terre-Neuve, qui s’empara exclusivement en ce moment de l’attention d’Éveline.

Les deux amies regardaient cette charmante fille, qui, avec la grâce de la jeunesse, partageait, même en grondant, les transports de gaîté de son gros camarade de jeu. La plus âgée des deux dames semblait mieux que l’autre comprendre l’humeur joyeuse de la jeune fille. Toutes deux contemplaient avec une tendresse satisfaite l’objet de leur commune affection. Mais quelque souvenir ou quelque association d’idées vint émouvoir lady Vargrave, qui laissa échapper un profond soupir.


CHAPITRE II

La vie orageuse est-elle préférable à cette calme existence ?
(Young. — Satires.)

Les fenêtres étaient closes, la nuit avait remplacé le soir, et les hôtes du cottage étaient réunis. Mistress Leslie était assise devant son métier à broder. Lady Vargrave, le visage appuyé sur sa main, paraissait absorbée par la lecture d’un livre ; mais ses yeux ne voyaient pas la page ouverte devant elle. Éveline était fort occupée à examiner le contenu d’un paquet de livres et de musique, qu’on venait de lui apporter de la loge du concierge, où il avait été déposé par la voiture de Londres.

« Ah ! chère maman, que je suis contente ! s’écria Éveline ; voici quelque chose qui va vous faire plaisir. On a mis en musique quelques-unes de ces poésies qui vous ont si profondément touchée. »

Éveline apporta les romances en question à sa mère, qui sortit de sa rêverie, pour les parcourir avec intérêt.

« Il est très-singulier, dit-elle, que je sois si fort émue par tout ce qui sort de la plume de cet écrivain ; moi, surtout, qui n’aime pas la lecture avec la même passion que vous, ajouta-t-elle en caressant tendrement les boucles épaisses de la chevelure d’Éveline.