Aller au contenu

Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il m’a dit qu’il était très-pressé, monsieur, dit le fonctionnaire villageois, qui avait entendu les paroles de Maltravers. Je crois que c’était un des grands personnages qui sont au presbytère ; car j’ai reconnu le cheval bai de M. Merton, il est joliment fougueux !

— Cette pauvre femme est-elle du voisinage ? La connaissez-vous ? demanda Maltravers, cherchant à bannir de sa pensée cette nouvelle preuve de l’égoïsme de Vargrave.

— Non ; la pauvre vieille me semble tout-à-fait étrangère ici ; c’est une mendiante, je crois, monsieur. Mais nous pouvons la recevoir sans que ce soit une charge pour la paroisse, en la portant là-haut hors du village, à l’auberge de l’Échiquier.

— Quelle est la maison la plus proche ? la vôtre, n’est-ce pas ?

— Oui ; mais nous avons tant à faire dehors, dans ce moment-ci !

— Elle n’ira pas chez vous pour y être mal soignée. Et quant à l’auberge, on y fait trop de bruit ; il faut que nous la transportions chez moi.

— Chez vous, monsieur ! s’écria l’inspecteur, en ouvrant de grands yeux.

— Ce n’est pas bien loin ; elle est dangereusement blessée. Allez chercher une claie ; étendez-y un matelas. Dépêchez vous tous deux, je vais attendre ici votre retour. »

On déposa avec soin la pauvre femme sur le gazon au bord du chemin, et Maltravers lui soutint la tête pendant que les deux hommes se hâtaient d’obéir à ses ordres.


CHAPITRE III

On entend pourtant aussi les murmures menaçants de l’indignation s’échapper de cette haute citadelle, siège tant vanté de la paix studieuse et de la douce philosophie.
(West.)

M. Cleveland eut la fantaisie d’enrichir une de ses lettres d’une citation de l’Arioste, dont il ne se souvenait qu’impar-