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Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/203

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terminant, à part quelques épisodes que je pourrai vous mieux raconter si je deviens plus forte. Mais vous m’excuserez maintenant.

— Et êtes-vous bien ici ? êtes-vous heureuse, ma pauvre amie ? Les gens avec qui vous êtes sont-ils bons pour vous ?

— Oh ! bien bons ! Chaque soir nous prions tous pour vous, monsieur. Si les bénédictions des pauvres peuvent porter bonheur aux riches, vous devez être heureux, monsieur ! »

Maltravers remonta à cheval, et revint chez lui le cœur plus léger que lorsqu’il était entré dans la chaumière. Mais le soir Cleveland se mit à parler de Vargrave et d’Éveline, de la bonne fortune du premier, et des charmes de l’autre ; et la blessure que Maltravers cachait si bien se remit à saigner.

« J’ai eu des nouvelles de Montaigne l’autre jour, dit Ermest, au moment où ils se retiraient pour la nuit, et sa lettre me décide. Si vous voulez bien de moi pour compagnon de voyage, je vous accompagne à Paris. Êtes-vous décidé à quitter Burleigh samedi prochain ?

— Oui ; cela nous donnera un jour pour nous remettre du bal de lord Raby. Votre offre me ravit. Il ne sera pas nécessaire que nous restions plus d’un jour ou deux à Londres. Cette excursion vous fera du bien, mon cher Ernest ; vous me paraissez plus triste que dans les premiers temps de votre retour en Angleterre. Vous vivez trop isolé ici ; Burleigh vous plaira davantage à votre retour. Et peut-être alors ouvrirez-vous plus volontiers les portes de votre vieux manoir à vos voisins et à vos amis. On s’y attend ; on compte sur vous pour représenter le comté aux élections prochaines.

— Je suis las de la politique, et je ne soupire qu’après la tranquillité.

— Mariez-vous à Paris ; et alors vous apprendrez que la tranquillité est un bien chimérique, » dit en riant le vieux garçon.