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Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/30

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saluer, avec une cordialité de bon ton, qui fit sur-le-champ la conquête du cœur d’Éveline.

Mistress Merton la baisa sur la joue, lui fit un aimable sourire, mais dit peu de chose. Il était facile de s’apercevoir qu’elle causait moins et qu’elle était plus simple que Caroline.

Lorsque Éveline les conduisit dans leurs appartements, la mère et la fille reconnurent du premier coup d’œil le soin et la prévoyance qui avaient veillé à leur bien-être. L’expression inquiète et attentive des yeux d’Éveline suggéra à l’amabilité de l’une et au savoir-vivre de l’autre l’idée de récompenser leur jeune hôtesse par une foule de petites exclamations de satisfaction et de plaisir.

« Dieu, que c’est charmant ! Quel joli pupitre ! dit l’une.

— Et les jolis poissons dorés ! dit l’autre.

— Et le piano donc, qui se trouve si bien placé ! » Les jolis doigts de Caroline parcoururent rapidement les touches.

Éveline se retira toute rouge et toute souriante. Et alors mistress Merton se permit de dire à son élégante femme de chambre :

« Enlevez vite ces fleurs, ou je vais me trouver mal.

— Que cette chambre est basse ! il n’y a pas d’air ici ! dit Caroline, lorsque la femme de chambre se fut retirée emportant les fleurs condamnées. — Et je ne vois point de psyché. Enfin ! ces pauvres gens ont fait de leur mieux.

— C’est une charmante personne que lady Vargrave ! dit mistress Merton ; elle est si intéressante ! si jolie ! et comme elle paraît jeune !

— Elle n’a pas de tournure, pas beaucoup d’usage du monde, dit Caroline.

— Non, mais elle a quelque chose de mieux.

— Hum ! dit Caroline. Sa fille est fort jolie, quoique trop petite.

— Quel sourire ! quels yeux ! elle est irrésistible ! Et quelle fortune ! Ce sera pour vous une charmante amie, Caroline.

— Oui, elle pourra m’être utile si elle épouse lord Vargrave, ou même si elle fait un beau mariage quel qu’il soit. Quel homme est-ce que ce lord Vargrave ?

— Je ne l’ai jamais vu. On le dit fort séduisant.

— Allons…, elle est bien heureuse ! » dit Caroline, en soupirant.