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Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/314

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« Mais, à la vérité, Maltravers et moi nous n’avions pas de secrets l’un pour l’autre, dit-il. Ah ! nous étions alors de jeunes fous ! Le nom de Butler est dans sa famille, n’est-ce pas ?

— En effet. Je vois que vous savez tout.

— Oui ; il m’a raconté cette histoire, mais il y a dix-huit ans de cela. Soyez donc assez bon pour me la remettre en mémoire. Howard, mon bon ami, veuillez prendre les devants, pour presser le dîner. M. Hobbs, voudriez-vous aller avec Monsieur… chose… le régisseur, pour examiner les plans, les registres, etc ? Maintenant, monsieur Onslow, vous disiez donc que Maltravers loua le cottage et y mit une dame ? Oui, oui, je m’en souviens. »

M. Onslow (qui était précisément le magistrat auquel Ernest avait confié son nom, en le chargeant de rechercher les traces d’Alice, et qui d’ailleurs était véritablement inquiet de savoir si l’on avait jamais eu des nouvelles de la pauvre fille), M. Onslow raconta l’histoire que le lecteur connaît déjà : le vol qui avait eu lieu au Cottage, la disparition d’Alice ; les soupçons qui rattachaient cette disparition à son infâme père ; le désespoir et les recherches de Maltravers. Il ajouta qu’Ernest avant de quitter l’Angleterre, et à son retour, lui avait écrit pour savoir si l’on avait appris quelque chose au sujet d’Alice, les réponses du magistrat avaient été négatives.

« Et pensez-vous, mylord, ajouta-t-il, que M. Maltravers n’ait pas encore découvert ce qu’était devenue la pauvre jeune femme ?

— Voyons, que je réfléchisse !… Comment s’appelait-elle ? »

Le magistrat réfléchit un moment, puis il répondit :

« Alice Darvil.

— Alice ! s’écria Vargrave, sachant que c’était là le nom de baptême de la femme de son oncle, et presque convaincu maintenant de la justesse du premier soupçon vague qu’il avait conçu — Alice !

— Vous paraissez connaître ce nom ?

— Le nom d’Alice, oui ; mais pas celui de Darvil. Non, non ; je crois bien qu’il n’a jamais eu de nouvelles de cette jeune fille. Ni vous non plus ?

— Non. Une certaine petite circonstance que me raconta M. Hobbs, le père de votre arpenteur, me donna quelque souci. Environ deux ans après la disparition de la jeune