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Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/366

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intentions sont sérieuses ? Autrement je… je crains… c’est à-dire je soupçonne… je veux dire que je sais que le colonel Maltravers se dédira.

— Mais vraiment, monsieur Douce, il faut absolument que je voie d’abord ma pupille. Cependant vous aurez de mes nouvelles d’ici à deux ou trois jours ; ainsi que des dix mille livres que je vous dois.

— Oui, vraiment, les dix… dix… dix… mon associé est fort… fort…

— Pressé que je les lui rende, sans doute ! Faites-lui bien mes compliments. Dieu vous bénisse ! Soignez-vous bien. Il faut que je me dépêche pour ne pas manquer le paquebot. »

Et Vargrave s’éloigna précipitamment, en grommelant :

« C’est le ciel qui nous envoie l’argent, mais c’est le diable qui nous envoie les créanciers. »

Douce ouvrit à plusieurs reprises une bouche haletante, comme celle d’un poisson, tandis que ses regards suivaient les pas rapides de Vargrave ; et ses petits traits avaient revêtu une expression sournoise de colère et de désappointement. Déjà Lumley, installé dans sa voiture et enveloppé de son manteau, avait oublié l’existence même de son créancier, et disait tout bas à son secrétaire aristocratique, la tête penchée en dehors de la portière :

« J’ai dit à lord Saxingham de vous dépêcher vers moi, s’il y a la moindre nécessité pour que je revienne à Londres. Je vous laisse ici, Howard, parce que votre sœur étant à la cour, et votre cousin auprès de notre fameux premier ministre, vous serez à même de savoir de quel côté souffle le vent ; vous comprenez ? Et, dites donc, Howard ! ne croyez pas que j’oublie votre amabilité pour moi ; vous savez que nul homme ne m’a jamais servi en vain ! Oh ! voilà cet affreux petit Douce qui vient derrière vous ! Dites au cocher de partir. »