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être moins majestueux, mais ses actions étaient infiniment plus excellentes, et ses théories infiniment plus sages. Étape par étape nous l’avons accompagné au travers des MYSTÈRES DE LA VIE. Les fêtes d’Éleusis sont terminées, la dernière libation est versée.

Et Alice ? Le monde nous blâmera-t-il de l’avoir laissée heureuse à la fin ? De jour en jour nous bannissons de nos codes les châtiments qui sont en disproportion avec le crime. Tous les jours nous prêchons cette doctrine, que l’on démoralise quand on enferme la justice dans la cruauté. Il est temps d’appliquer au Code social la sagesse à laquelle nous souscrivons dans la législation. Il est temps d’en finir, même dans les livres, avec la peine de mort infligée à des crimes qui ne la méritent pas. Il est temps d’admettre la moralité de l’expiation et d’accorder à l’erreur le droit d’espérer, comme la récompense de sa soumission à la souffrance. Ne croyons pas que la fin de la carrière d’Alice puisse faire venir la tentation de se rendre coupable de la faute du commencement. Dix-huit ans de tristesse, une jeunesse consumée à s’affliger silencieusement sur le tombeau de la joie, offrent des images qui assombrissent ces pages et qui, comme un avertissement salutaire, hanteront l’âme de la jeunesse longtemps après qu’elle aura quitté ce livre. Si Alice était morte le cœur brisé, si sa punition avait été trop lourde pour ses forces, alors, comme dans la vie réelle, vous auriez justement condamné ma morale ; et le cœur humain, dans sa pitié pour la victime, aurait perdu tout souvenir de l’erreur.

Mon conte est fini.