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Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/14

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et vit dans ces yeux une telle profondeur d’amour, de pitié, de compassion pour elle, un vague sourire d’encouragement, de triomphe anticipé apparut sur les lèvres de la jeune fille, et donna à sa physionomie cette expression que les vieux maîtres d’autrefois, fidèles imitateurs de la nature, employaient pour rendre la lutte de l’espérance et l’angoisse de la terreur.

— Mylord, dit alors Aram, dont la défense remarquable existe encore, et est considérée comme un chef-d’œuvre d’habileté chez un homme qui plaide sa propre cause dans de telles circonstances, Mylord, je ne sais si c’est en vertu de mon droit ou grâce à l’indulgence de Votre Seigneurie, que j’ai la liberté de me défendre à cette barre : je n’ai point l’expérience nécessaire pour prononcer un discours en forme. Mais quand je vois tant d’yeux fixés sur moi, un auditoire aussi nombreux, aussi imposant, dominé par je ne sais quelle attente, je suis accablé non sous le poids d’une faute, mais par l’embarras. En effet je ne me suis jamais trouvé en présence d’un tribunal comme celui-ci, je suis complètement ignorant en matière de loi, je n’entends rien aux usages du barreau, et aux mesures judiciaires ; je crains donc de ne pouvoir présenter ma défense en termes parfaitement convenables, avec l’à-propos nécessaire, et je me demande même si je serai en état de dire quelques mots.

» J’ai entendu, mylord, l’accusation qu’on porte contre moi, et d’après laquelle je serais coupable du plus grand crime qu’un homme