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Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/24

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lui, que son silence pouvait s’interpréter comme l’effet du dédain, sentiment naturel à un caractère aussi fier et aussi calme que le sien.

Quant à l’autre personne à laquelle nous avions fait allusion, et qui n’avait point paru plus satisfaite, plus convaincue de la vérité de cette plaidoirie, c’était la personne même qui devait décider du sort du prisonnier, c’était le magistrat.

Pour Madeleine !… De quelle exaltation est capable un cœur de femme, quand il s’agit de l’innocence de celui qu’elle aime.

Ses joues, pâles jusqu’alors, s’éclairèrent pour aussi dire de nuances pourpres, et l’air joyeux et fier, l’œil brillant, elle se tourna vers Éléonore, lui serra la main en silence, et reporta ensuite toute son attention sur la marche de la terrible procédure.

Le juge prit la parole. Il est fâcheux que l’on n’ait point conservé les minutes de ce procès, et qu’il n’en reste que le plaidoyer de l’accusé. Le sommaire du magistrat fut regardé à cette époque comme une pièce presque aussi remarquable que la défense d’Aram. Il développa avec le plus grand soin devant les jurés le sens précis des dépositions faites par les témoins ; il fit observer que leurs dépositions confirmaient celles de Houseman ; il s’attacha aux contradictions signalées dans cette dernière, et montra combien ces contradictions étaient naturelles et inévitables, quoiqu’elles n’ôtassent pas au fait lui-même sa valeur essentielle. Il examina l’opinion que Houseman avait été complice du