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Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/26

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destin, et non insulter au jugement prononcé par des hommes, s’enveloppant dans le calme de sa force, et non dans un méprisant oubli d’un autre cœur que brisait le désespoir.

— Soutenez-moi encore quelques pas, et cela ira mieux, dit Madeleine… Ah ! maintenant, je me sens bien, je suis tout à fait remise.

Éléonore releva un peu le store de la voiture pour donner de l’air, elle en profita aussi pour donner au cocher l’ordre d’aller plus vite. Elle avait saisi dans la voix de Madeleine un changement qui l’inquiétait.

— Combien son regard était ferme ! Vous l’avez vu sourire ! reprit Madeleine comme si elle se parlait à elle-même. Et cependant ils le mettront à mort. Voyons, cette semaine,… dans huit jours à compter d’aujourd’hui nous nous reverrons.

— Plus vite, je vous en prie, Éléonore, dites-lui d’aller plus vite, s’écria Lester, en sentant que le corps de sa fille, qui reposait sur sa poitrine, s’abandonnait, devenait plus lourd.

On se hâta, la maison était en vue, maison désormais solitaire et mélancolique. Le soleil se couchait lentement, et Éléonore abaissa les stores pour protéger les yeux de sa sœur contre l’éclat des derniers rayons.

Madeleine s’aperçut de cette attention ; elle eut un sourire. Éléonore lui essuya les yeux et essaya, elle aussi, de sourire. La voiture s’arrêta. On aida Madeleine à descendre ; soutenue par son père et sa sœur, elle se tint un instant debout sur le seuil. Elle considéra le large