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Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/7

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plus que je ne l’espère. Vous êtes faite pour connaître l’amour et le foyer domestique, pour contracter ces liens que vous désiriez pour moi. Dieu veuille que j’aie souffert pour nous deux, et que lorsque nous nous reverrons, vous puissiez me dire que vous avez été heureuse ici.

… Et vous, mon père, que vous dirai-je, reprit Madeleine en s’arrachant à l’étreinte de sa sœur en larmes, et tombant à genoux devant le vieux Lester, qui s’adossait à la muraille, près de succomber à son émotion, et se cachait la figure de ses mains, que puis-je vous dire ? Vous qui dès ma plus tendre enfance, ne m’avez jamais dit une parole sévère, vous qui avez toujours fait céder l’autorité paternelle devant l’amour paternel ; comment vous dire ce que je ressens pour vous ? Comment vous exprimer ce qui remplit mon cœur, et ces souvenirs qui surgissent en foule et m’étouffent ? Le temps viendra où vous verrez autour de vous les enfants d’Éléonore, et où la pauvre Madeleine ne sera plus pour vous qu’un souvenir. Mais eux, ils veilleront sur vous, ils vous soigneront, ils défendront vos cheveux gris contre le chagrin, ils feront ce que j’avais espéré faire moi-même.

— Mon enfant ! mon enfant ! vous me brisez le cœur, bégaya enfin le pauvre Lester, après de vains efforts pour raffermir sa voix.

— Donnez-moi votre bénédiction, mon cher père, dit Madeleine, dominée elle aussi par son émotion, placez votre main sur ma tête, bénissez-moi, dites-moi que si jamais je vous ai causé