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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 1.djvu/235

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vous donner. Vous avez de la capacité et vous êtes un calculateur habile. Je pense à vous mettre à la tête de mes affaires : plus tard, je vous associerai à ma maison ; et avant dix ans, vous serez riche. Voyons, cela vous convient-il ?

— Mon cher oncle, répondit avec franchise Léonard, très-touché de ces généreuses paroles, ce n’est pas à moi qu’il appartient de choisir. J’aurais préféré aller à l’Université, parce que je serais devenu indépendant et que j’aurais cessé d’être un fardeau pour vous. En outre, je me sens plus porté vers les études classiques que vers les affaires. Mais tout cela n’est rien en comparaison du désir que j’ai de vous être utile et de vous prouver, de quelque manière que ce soit, les sentiments de vive reconnaissance que m’inspirent toutes vos bontés.

— Vous êtes un brave garçon, rempli de bons sentiments, s’écria Richard avec cordialité : et croyez-moi, quoique j’aie l’écorce un peu rude, j’ai à cœur vos véritables intérêts. Vous pouvez m’être utile et ce sera en même temps le meilleur moyen de prospérer vous-même. À vous dire vrai, je songe à me mettre en ménage. Je connais une dame de qualité qui, je le pense, daignerait devenir mistress Avenel, et si cela se fait, le séjournerai probablement à Londres une grande partie de l’année. Je ne veux pas renoncer aux affaires : aucun placement ne pourrait me rapporter un intérêt aussi élevé. Mais vous aurez bientôt appris à diriger la maison à ma place et, comme je me retirerai un jour ou l’autre, vous me remplaceriez alors. Une fois lancé dans le haut commerce, il vous sera facile, avec vos talents, de devenir quelque chose, membre du parlement, ministre de la couronne, que sais-je ? Et ma femme, hem ! c’est-à-dire ma future, a des parents très-haut placés, et pourra vous faire faire un beau mariage. »

Et Richard de s’en aller en se frottant les mains, — mais en laissant son neveu en proie à la même perplexité relativement à la question délicate que leur entretien sur l’avenir avait écartée, à savoir s’il devait ou non écrire au curé et calmer les alarmes de sa mère. Mais comment écrire sans le consentement de l’oncle Richard, qui dans une autre occasion avait formellement déclaré qu’en écrivant à sa mère, Léonard s’exposait à faire perdre à celle-ci tous les avantages qui lui étaient destinés. Pendant qu’il discutait cette question avec sa conscience, appuyé contre une barrière qui séparait la ville de la campagne, Léonard Fairfield tressaillit en entendant tout à coup une exclamation. Il leva les yeux et aperçut M. Sprott, le chaudronnier.