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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 1.djvu/409

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leva. Les messieurs restèrent à boire, et le ministre, satisfait d’avoir remporté ce qu’il regardait comme une victoire sur son terrain favori mit la conversation sur des sujets plus légers, jusqu’à ce que la dîme ayant été mentionnée, le squire s’y mêla, et gesticulant et criant à tue-tête, finit par étourdir ses hôtes et démontrer, à sa propre satisfaction, que la dîme était une usurpation antichrétienne de la part de l’Église en général, et une infliction spécialement injuste sur les domaines d’Hazeldean en particulier.


CHAPITRE VII.

En rentrant dans le salon, Randal trouva les deux dames assises tout près l’une de l’autre, dans une attitude plus appropriée à la familiarité de leur enfance qu’à l’amitié cérémonieuse qui existait maintenant entre elles. La main de mistress Hazeldean était affectueusement posée sur l’épaule de Carry, et leurs deux visages étaient penchés sur le même livre. C’était merveille de voir ces deux matrones, si différentes d’extérieur et de caractère, ramenées à l’intimité de leur jeunesse par le lien enchanté de quelque magicien venu du pays de l’imagination, unies de cœur, tandis que leurs yeux lisaient la même pensée.

« Quel est donc l’ouvrage qui paraît si vivement vous intéresser, mesdames ? dit Randal en s’approchant de la table.

— Un ouvrage que vous avez certainement lu, répliqua mistress Dale, marquant la page qu’elle quittait et passant le livre à Randal. Il a, dit-on, fait sensation à Londres. »

Randal lut le titre de l’ouvrage. « C’est vrai, dit-il, j’en ai beaucoup entendu parler, mais je n’ai pas encore eu le temps de le lire.

Mistress Dale. Je vous le prêterai volontiers si vous voulez le parcourir ce soir ; vous le rendrez à mistress Hazeldean.

M. Dale (s’approchant). Oh ! certainement, il faut que vous lisiez cela. Je ne connais pas d’ouvrage plus instructif.

Randal. Instructif ! Alors je le lirai certainement. J’avais cru que c’était un ouvrage de pur amusement… d’imagination.

M. Dale. On en pourrait dire autant du Vicaire de Wakefield, et cependant quel livre est plus instructif ?

Randal. Le Vicaire de Wakefield ! C’est un assez joli livre, bien que la fable soit des plus invraisemblables ; mais en quoi donc est-il instructif ?

M. Dale. Il est Instructif par ses résultats ; il nous laisse meilleurs et plus heureux. Quelle instruction peut faire davantage ? Certains ouvrages instruisent la tête, d’autres le cœur. L’influence de