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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/227

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le domaine d’Hazeldean et j’abandonnerai le droit de passage par-dessus le marché. Tu comprends ? Ainsi viens donc là-bas aussitôt que tu pourras, tu feras toi-même ta cour. »

Randal exprima ses remercîments avec une gratitude éloquente, puis il insinua délicatement que si le squire avait l’intention de le gratifier de quelques avantages pécuniaires (toujours, bien entendu, sans faire de tort au cher Frank), il éprouverait plus de satisfaction à racheter quelque portion des terres de Rood qu’à posséder tous les hectares des Sticktorights, fussent-ils libres de toute autre charge que la charmante héritière elle-même.

Le squire écouta Randal avec une attention bienveillante. C’était là un désir que comprenait le gentilhomme campagnard et avec lequel il sympathisait. Il promit de prendre des informations à ce sujet et de voir ce qu’on pourrait tirer du vieux Thornhill.

Randal lui apprit alors que M. Thornhill allait disposer d’une portion importante de l’ancien domaine des Leslie par l’entremise de Lévy, et que lui, Randal, pourrait se la procurer à un prix beaucoup plus modéré que M. Thornhill ne la vendrait probablement à son voisin le squire. « Mieux vaudrait, dit-il, ne parler de cela ni à Lévy ni à Thornhill.

— C’est juste, fit le squire. Aucun propriétaire n’aime à vendre à un propriétaire du même comté, dont les terres sont aussi vastes que les siennes. Cela détruit la balance des pouvoirs. Vois toi-même à cette affaire, et si je puis t’aider à conclure le marché, je le ferai volontiers, quand ce garçon sera marié bien entendu, je n’aurai la tête à rien jusque-là. »

Randal se rendit ensuite chez Egerton. L’homme d’État était dans son cabinet, examinant les comptes de son intendant et donnant des ordres pour que sa maison fût réduite et mise sur le pied de celle d’un simple particulier.

« J’irai peut-être sur le continent si j’échoue dans mon élection, disait Egerton condescendant à donner à son intendant les motifs de son économie, et quand même je réussirais, maintenant que me voici hors du pouvoir, je compte vivre dans la retraite.

— Vous interrompé-je, monsieur, dit Randal en entrant.

— Non. J’avais justement fini. »

L’intendant se retira surpris, mécontent et méditant de renoncer à sa charge dans le but, non pas comme Egerton d’économiser, mais de dépenser et de jouir. L’intendant faisait des affaires avec le baron Lévy et n’était rien moins que le véritable X Y du Times pour qui on avait à tort pris Dick Avenel. Il plaçait ses gages et ses profits dans l’escompte des billets, et c’était lui qui en grande partie avait fourni sans le savoir les dernières cinq mille livres qu’Egerton avait empruntées à Lévy.

« J’ai tout réglé avec notre comité, dit Egerton, et du consentement de lord Lansmere, vous vous présenterez pour le bourg comme nous en avions l’intention, conjointement avec moi. Et s’il m’arrivait quelque accident, c’est-à-dire si je renonçais à ce siège pour une rai-