Aller au contenu

Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE LXIX


L’anxiété et les incertitudes de mes projets politiques, la fatigue d’une vie passée au milieu du tourbillon des affaires, et surtout le déplorable état de ma passion, altéraient ma santé : je perdis l’appétit, le sommeil, et mes belles couleurs. Ma mère déclara qu’avec une pareille mine, je ne pouvais pas espérer captiver une héritière. Cela me donna à réfléchir et je me dirigeai un matin vers Hampton-Court dans l’intention de respirer l’air de la campagne. C’est une chose qui a bien son charme que de tourner le dos à la grande cité alors que l’animation des plaisirs y est à son comble. La misanthropie est un sentiment qui n’est point à dédaigner, pourvu qu’on n’en abuse pas ; on éprouve une satisfaction mêlée d’une douce mélancolie à parcourir à pas lents la campagne, en maudissant la ville. Je m’arrêtai à un joli petit cottage, à un mille environ de Londres. De la fenêtre de mon salon je jouissais de la perspective luxuriante de trois cochons, d’une vache et d’une bauge de paille ; je pouvais en cinq minutes gagner le bord de la Tamise, en prenant un petit chemin qui passait à travers la cour d’un four à chaux. On ne rencontre pas tous les jours une aussi belle occasion de jouir des beautés de la nature ; vous devez penser si j’en profitai de mon mieux. Je me levais de bon matin, je faisais une promenade avant le déjeuner, pour ma santé, et je rentrais au logis avec une migraine des mieux conditionnées, pour ma peine. Je lisais ensuite pendant trois