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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/147

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cîments empressés pour une offre dont la bonté m’avait pénétré jusqu’au fond de l’âme. Je détaillai avec quelque étendue les motifs qui m’avaient amené à la décision que j’avais prise ; j’esquissai aussi la nature de l’importante motion qu’on allait présenter à la Chambre, et fis voir combien, en conscience, il m’était impossible de m’opposer au parti de lord Dawton dans le débat. Je terminai en répétant les expressions que me suggérait ma reconnaissance ; et après avoir décliné toute influence sur les voix de Guloseton, je me hasardai à ajouter que, si j’avais voulu en faire usage, c’eût été pour appuyer Dawton, non comme homme, mais comme ministre, non comme ami personnel, mais comme serviteur des intérêts de l’État.

Je venais d’expédier cette lettre quand Vincent entra, je le mis au fait de ma détermination, quoique de la manière la plus respectueuse et la plus amicale. Il parut grandement désappointé et essaya d’ébranler ma résolution ; mais quand il vit que tout était inutile, il finit par sembler satisfait, et même touché de mes raisons. Quand nous nous séparâmes, ce fut avec la promesse réciproque qu’aucun différend politique ne viendrait altérer de nouveau l’estime que nous avions l’un pour l’autre.

Lorsque je me retrouvai seul et que je me vis ramené au pied même de l’échelle que j’avais gravie si haut et si heureusement, quand je vis qu’en rejetant toutes les ouvertures de mes amis, j’étais laissé totalement seul et sans secours au milieu de mes ennemis, quand je regardai au delà et que je n’aperçus pas la plus faible lueur d’espérance, pas un marchepied pour me remettre en selle et recommencer ma carrière brisée dès le début, peut-être une atteinte de regret me traversa-t-elle l’esprit. Mais il y a un merveilleux réconfort dans une bonne conscience, et l’on apprend bientôt à regarder avec confiance dans l’avenir, quand on se sent autorisé à jeter les yeux avec orgueil sur le passé.

Mon cheval arriva à la porte à l’heure habituelle de mes promenades ; avec quelle joie je m’élançai sur son dos ! je sentis le grand air rafraîchir mes joues fiévreuses et je courus vers les avenues de verdure qui bordent la grande cité du côté de l’ouest. Je ne connais rien qui dispose