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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/18

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vieux poëtes anglais. Que pensez-vous de la bonne entente apparente qui a lieu entre M. Gaskell et les Whigs.

— Je m’en tourmente, peu, répliqua Guloseton en se servant des confitures, la politique trouble la digestion. »

Bien, me dis-je, si je m’attaque à l’épicuréisme de cet homme, je n’en tirerai rien ; attaquons-le sur un autre point ; tous les hommes sont vains, il s’agit de découvrir où mon hôte met sa vanité.

« Les Ultra-Tories, lui dis-je, affectent une sécurité absolue ; ils ne tiennent aucunement compte des membres du juste milieu. L’autre jour, lord *** me disait qu’il s’inquiétait fort pou de M. *** quoiqu’il disposât de quatre voix. Vit-on jamais pareille arrogance !

— Certes ! dit Guloseton, d’un air de nonchalance et de profonde indifférence. Aimez-vous les olives ?

— Non, lui dis-je, je ne les aime pas ; ce goût aigre mêlé à une saveur huileuse, offense la délicatesse de mon palais. Mais, comme je vous le disais, les Whigs au contraire se mettent en frais pour leurs partisans ; c’est un parti dont un homme d’un rang élevé et d’une grande fortune jouissant de quelque influence parlementaire n’aurait pas de peine à devenir le chef, sans encourir aucun des ennuis attachés en général à une pareille situation.

— C’est très-possible, » dit Guloseton d’un air assoupi.

Il faut que je change de batterie, me dis-je. Tandis que je songeais à un nouveau plan d’attaque, un domestique entra et me remit le billet suivant.


« Au nom du ciel, Pelham, descendez ; je vous attends dans la rue, venez à l’instant si vous ne voulez pas qu’il soit trop tard pour me rendre le service que j’attends de vous. »

« R. Glanville. »


Je me levai aussitôt. « Excusez-moi, dis-je à lord Guloseton, on me demande sans retard.

— Ha ! ha ! fit le gourmand en riant, je sais ce que c’est, quelque gibier appétissant : Post prandia Callirhoë !