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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/214

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— Quoi ! m’écriai-je d’un ton de reproche, est-ce là votre amitié ? Je pensais, à l’instant même, que vous m’aviez dit que Dawson avait été un de vos anciens et fidèles associés.

— Ancien, oui, Votre Honneur ; fidèle, non. Il y a peu de temps, je me trouvai dans une grande détresse ; Thornton et lui avaient, le diable sait comment, deux mille livres environ à eux deux. Eh bien ! je n’ai pas pu tirer de Dawson un rouge liard, ce grippe-sous de Thornton ne lui a rien laissé.

— Deux mille livres ! dis-je d’une voix calme, quoique mon cœur battît violemment ; c’est une bien grosse somme pour un pauvre diable comme Dawson. Y a-t-il longtemps qu’il avait ça ?

— Environ deux ou trois mois, répondit Jonson.

— Dites-moi, je vous prie, avez-vous beaucoup vu Dawson dans ces derniers temps ?

— Oui.

— Vraiment ! je croyais que vous veniez de me dire à l’instant, que vous ne connaissiez pas sa demeure.

— En effet, je ne la connais pas, repartit froidement Jonson ; ce n’est jamais chez lui que je le vois. »

Je gardai le silence, car en ce moment, je calculais avec soin et rapidement les avantages et les inconvénients qu’il y aurait de ma part à donner à Jonson la confiance qu’il me demandait.

Pour réduire la question à la forme la plus simple de la logique, ou il avait le pouvoir de m’aider dans mes investigations, ou il ne l’avait pas ; s’il ne l’avait pas, il ne pouvait pas non plus les gêner beaucoup, et par conséquent il importait peu qu’il fût ou non dans ma confidence S’il avait ce pouvoir, l’embarras était de savoir si je devais agir franchement avec lui ou recourir au stratagème ; c’est-à-dire, s’il serait plus sage de lui confier toute l’affaire, ou de continuer à tirer de lui ce que je pourrais, sans le mettre dans ma confidence. Or, l’inconvénient de la franchise était que, s’il avait le désir de mettre à couvert Dawson et son ami, il serait ainsi mieux préparé à le faire, et même à les mettre en garde contre mes soup-