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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/231

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fois j’ai emporté quelque témoignage de mes visites ; bien mieux, le boutiquier est si loin de me soupçonner, que deux fois il m’a gratifié du piteux récit des pertes que je lui ai causées. Je m’attends dans quelques jours, à lui entendre raconter l’histoire du diamant envolé, rapprochée de la présence plus que suspecte de Votre Honneur ! Avouez-moi que ce serait grand dommage de permettre à mon sot amour-propre de contrarier les talents dont m’a gratifié la Providence. Mépriser les petites délicatesses de l’art, que j’exécute si parfaitement, serait à mon avis, aussi absurde que pour un poète épique de dédaigner la composition d’une épigramme parfaite, ou pour un musicien consommé la mélodie d’une romance irréprochable.

— Bravo ! M. Job, dis-je, un véritable grand homme comme vous peut ennoblir des riens. »

J’allais continuer, mais je fus arrêté tout court par l’entrée de l’hôtesse, qui était belle, blonde, bien mise ; une femme avenante enfin, d’environ trente-neuf ans et onze mois, ou, pour parler avec moins de précision entre trente et quarante. Elle venait annoncer que le dîner était servi en bas. Nous descendîmes, et nous trouvâmes un somptueux repas de bœuf rôti et de poisson ; ce premier service fut remplacé par cette grande friandise des gens du commun, un canard aux petits pois.

« Sur ma parole, M. Jonson, vous vivez comme un prince ; votre dépense de chaque semaine doit être assez considérable pour un célibataire.

— Je ne sais pas, reprit Jonson, avec un air de noble indifférence, je n’ai jamais payé ma bonne hôtesse en autre monnaie qu’en compliments, et je ne le ferai jamais autrement selon toute probabilité. »

Fut-il jamais application plus frappante de l’admonition de Moore :


« Ô dames, donnez-vous de garde
D’un jeune et joyeux chevalier » etc.


Après dîner nous remontâmes dans le garni que Job appelait emphatiquement son appartement ; et alors il