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Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/160

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DU SUBLIME

prenant une nouvelle direction, forment un angle droit avec le rayon visuel, et par-là détournent l’imagination de la répétition de la première idée. Supposons encore le spectateur placé dans un lieu d’où il puisse prendre une vue directe du même édifice, qu’arrivera-t-il ? nécessairement qu’une bonne partie de la base de chaque angle, formé par l’intersection des bras de la croix, sera inévitablement perdue ; Le tout paraîtra une figure brisée, sans liaison ; les jours seront inégalement distribués, ici faibles, là trop forts ; et ils manqueront de cette noble gradation que la perspective observe toujours à l’égard des parties disposées sans interruption sur une ligne droite. Quelques-unes de ces objections, ou même toutes subsisteront contre toute figure de croix, de quelque point de vue qu’on la considère. J’ai pris pour exemple la croix grèque, dans laquelle ces défauts sont plus saillans ; mais on les trouve en plus ou moins grand nombre dans toutes sortes de croix. On devrait s’être convaincu, que rien ne nuit davantage à la pompe des édifices, que l’abondance des angles : cependant ce défaut est très-commun ; il naît d’un amour désordonné pour la variété, à laquelle le bon goût est infailliblement sacrifié dans tous les lieux où elle domine.