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Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/212

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DU SUBLIME

aérienne, j’avais été frappé de l’extrême beauté qui l’élève au-dessus de plusieurs des oiseaux distingués par la rapidité de leur vol, quoique, par tout ce que je voyais, son genre de vie fût à beaucoup près le même que celui du porc nourri avec lui dans la basse-cour. La même chose peut se dire des coqs, des poules, et des autres oiseaux domestiques : par leur figure ils appartiennent à l’espèce volatile ; ils diffèrent peu des hommes et des quadrupèdes par leur manière de se mouvoir. Mais laissons ces exemples étrangers : si la beauté, dans notre propre espèce, était attachée à l’utilité, les hommes seraient beaucoup plus beaux que les femmes, et l’on regarderait la force et l’agilité comme les seules beautés. Mais de donner à la force le nom de beauté, et de n’avoir qu’une même dénomination pour les qualités d’une Vénus et d’un Hercule, si différentes sous presque tous les rapports, c’est assurément une étrange confusion d’idées, ou un abus de mots inconcevable. La cause de cette confusion procède, je pense, de ce que nous apercevons fréquemment que les parties du corps de l’homme et des autres animaux sont à la fois très-belles et très-bien adaptées à leurs diverses fins ; et nous sommes induits à erreur