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Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/279

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ET DU BEAU

ou une bonne femme, ayant une fois associé dans l’esprit tendre d’un enfant les notions des lutins et des revenans avec l’idée de l’obscurité, la nuit devient toujours ensuite pour lui douloureuse et horrible. L’autorité de ce grand homme est sans doute des plus puissantes, et elle semble combattre notre principe général[1]. Nous avons considéré l’obscurité comme une cause du sublime ; en même tems nous avons considéré le sublime comme dépendant de quelque modification de douleur ou de terreur ; de sorte que si l’obscurité n’est ni douloureuse ni terrible pour ceux dont l’enfance n’a pas été bercée de superstitions, elle ne peut être pour eux une source du sublime. Mais, avec toute la déférence due à une telle autorité, il me semble qu’une association d’une nature plus générale, une association qui comprend tout le genre humain, peut rendre l’obscurité terrible : en effet, dans l’obscurité absolue, il nous est impossible de savoir dans quel degré de sûreté nous sommes ; nous ignorons quels objets nous environnent ; à tout moment nous pouvons heurter contre un dangereux obstacle ; nous

  1. Partie II, section 3.