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Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/51

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DU GOUT.

les corps présentent des images semblables à toute l’espèce humaine, on doit nécessairement accorder que les plaisirs et les douleurs que chaque objet excite en un homme, il doit les exciter en tous, lorsqu’il opère naturellement, simplement, et par ses propres pouvoirs seulement ; car, si nous nions que cela soit, nous devons imaginer que la même cause, opérant de la même manière, et sur des sujets de la même espèce, produira des effets différens, ce qui serait de la dernière absurdité. Considérons d’abord cette question par rapport au sens du goût, puisque la faculté que nous examinons en a emprunté le nom. Tous les hommes s’accordent à appeler le vinaigre aigre, le miel doux, et l’aloès amer ; et comme ils s’accordent à trouver ces qualités dans ces objets ils ne diffèrent aucunement sur leurs effets relatifs au plaisir et à la douleur. D’une voix universelle, là douceur est dite agréable, et désagréable l’aigreur ainsi que l’amertume. Il n’y a, à cet égard, aucune diversité dans les sentimens des hommes ; et une preuve très-évidente qu’il n’y en a point, c’est leur consentement unanime aux métaphores prises du sens du goût. Un esprit aigre, des expressions arrières, des amères imprécations, un sort