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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/101

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quelle elle parla de cet événement malheureux dont vous m’avez informée avec tant de ménagement. Tous les malheurs d’une mère qui m’est chère, quoique je ne l’aie jamais vue, que je regrette sans l’avoir connue ; toutes ses souffrances se retracèrent vivement à ma mémoire. Ah, mon cher monsieur ! cette entrevue (une seule exceptée) est ce qui pouvoit jamais m’arriver de plus terrible et de plus affligeant.

Lorsque nous arrivâmes à son logement, elle me pria d’y monter avec elle, qu’elle se chargeoit de me procurer une chambre à coucher. Alarmée et tremblante, je me tournai vers madame Mirvan. Cette excellente femme prit d’abord mon parti : « Ma fille, dit-elle à madame Duval, ne sauroit quitter aussi brusquement sa jeune amie ; vous voudrez bien nous accorder quelque délai pour les préparer à cette séparation ».

« Excusez, madame, répondit madame Duval, qui s’étoit adoucie un peu depuis qu’elle avoit été reconnue ; » cette enfant ne sauroit appartenir à miss Mirvan d’aussi près qu’à moi ».

« N’importe, madame, interrompit le capitaine (qui n’épousa ma querelle que dans le dessein de poursuivre sa