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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/111

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contre la nation française. Enfin madame Mirvan voyant qu’elle ne réussiroit point à nous faire passer une soirée agréable, proposa d’aller à Ranelagh. Madame Duval accepta la partie avec plaisir, et, après quelques plaisanteries sur la dissipation des femmes, le capitaine y acquiesça également. Marie et moi nous montâmes pour nous habiller.

Bientôt après on vint nous annoncer sir Clément Willoughby. Il s’étoit introduit sous prétexte de s’informer de notre santé, et il se présenta avec l’air de familiarité d’une ancienne connoissance ; l’accueil glacé qu’il reçut de la part du capitaine et de madame Mirvan elle-même, le décontenança cependant un peu.

J’étois très-embarrassée de reparoître devant cet homme, et je ne descendis que lorsqu’on vint m’appeler pour prendre le thé. Je le trouvai profondément engagé dans un entretien avec madame Duval et le capitaine sur les mœurs françaises ; sujet qui paroissoit l’absorber, au point qu’il ne fit pas attention à moi lorsque j’entrai dans la chambre. La conversation fut poussée avec chaleur : le capitaine défendit la supériorité des Anglais à tous égards, et madame Duval