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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/119

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cependant que vous n’avez jamais voyagé qu’avec des Anglais.

Le Capitaine. « Et avec qui donc, s’il vous plaît ? Voudriez-vous qu’à l’exemple d’une certaine nation, qui n’est pas à mille lieues d’ici, il eût rougi de sa patrie, pour que celle-ci eût eu à rougir ensuite de lui » ?

Madame Duval. « Vous feriez fort bien vous-même de voyager ».

Le Capitaine. « Et à quel propos, je vous prie ? quelle utilité m’en reviendroit-il » ?

Madame Duval. « Une très-réelle. On feroit de vous un tout autre homme ».

Le Capitaine. « Vous voudriez peut-être que j’apprisse encore à faire la cabriole, — à m’habiller comme un singe, — à babiller votre baragouin français, que je poudrasse mes cheveux, que je me barbouillasse le visage de rouge ; en un mot, que je prisse pour modèle vos dignes compatriotes » ?

Madame Duval. « Je voudrois, monsieur, que vous prissiez de meilleures manières, et sur-tout que vous vous accoutumassiez à parler aux femmes un langage moins bourru et moins gothique. Monsieur, qui a été à Paris (en montrant mylord Orville), vous dira com-