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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/174

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de la mauvaise place qu’on nous avoit choisie, et en effet elle n’avoit pas tort, car nous étions au paradis.

Miss Branghton soutint que les places seroient peut-être meilleures que nous ne le pensions ; « quoiqu’à dire vrai, ajouta-t-elle, l’escalier qui y conduit ne promette pas grand’chose ».

Nous entrâmes enfin dans la galerie, et alors le murmure devint général. Tout le monde se regarda d’abord sans rien dire, puis on éclata en plainte, chacun à sa façon.

« Hé ! papa, s’écria miss Branghton, quelles places avez-vous choisies ? nous sommes, je crois, à la galerie d’un escalin ».

« Tu me rendras service, si tu veux me tenir quitte à deux escalins par tête. Jamais je n’ai été écorché de la sorte : ou le caissier est un fripon, ou le public est mis ici à contribution d’une manière criante ».

« Ma foi, interrompit madame Duval, je n’ai jamais eu d’aussi mauvaise place ; nous sommes assis dans les nues, et on ne verra rien d’ici ».

M. Branghton. « Il me semble pourtant que trois escalins par billet est un prix fort honnête. Vous avez vu que