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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/254

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la pauvre madame Duval a déjà assez de sujets d’être mécontente de la visite de sir Clément.

Hier matin, pendant le déjeûné, le capitaine étant occupé à lire la gazette, sir Clément lui demanda la permission de la parcourir, pour voir s’il y étoit question d’une affaire très fâcheuse qui étoit arrivée à certain Français la veille de son départ. « Le cas est grave, ajouta-t-il, et même pendable, si je ne me trompe ».

Le capitaine voulut savoir des détails ; sir Clément se mit alors à lui faire une longue histoire. Il lui conta qu’en passant près de la tour avec quelques amis, il avoit entendu la voix d’un homme qui crioit grace en français ; et s’étant informé de quoi il s’agissoit, il avoit appris que cet étranger venoit d’être arrêté pour crime de trahison.

« Le pauvre diable, continua-t-il, ayant remarqué que je parlois sa langue, me supplia de l’écouter. Il me protesta qu’il étoit honnête homme, qu’il n’étoit en Angleterre que depuis peu, et qu’il se proposoit de repasser dans sa patrie, dès qu’une dame de sa connoissance seroit de retour d’une course qu’elle étoit allée faire à la campagne ».