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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/286

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Je le priai de s’expliquer.

« J’ai vu le zèle avec lequel vous vous êtes employée en faveur de madame Duval, et j’ai été sur le point de reprocher au capitaine sa conduite barbare ; mais je dois éviter de me brouiller avec lui, de peur qu’il ne m’interdise l’entrée d’une maison que vous habitez. J’ai fait tous mes efforts pour l’engager à renoncer à un nouveau projet qu’il médite ; mes représentations ont été inutiles, et même il m’a été impossible de lui arracher son secret : ainsi j’ai résolu de chercher un prétexte pour quitter incessamment ce château, qui m’est devenu si cher, qui renferme tout ce que j’ai de plus précieux au monde ; je retourne à Londres, pour laisser au caractère impétueux du capitaine le temps de se ralentir ».

Il s’arrêta, et je gardai le silence ne sachant que répondre. Il prit ma main et la baisa : « Faut-il donc vous quitter, miss ; sacrifier volontairement le plus grand bonheur de ma vie, sans être honoré d’un seul mot, d’un seul regard d’approbation » ?

Je retirai ma main, et je lui répondis en souriant : « Vous connoissez trop bien, monsieur, le mérite de votre complai-