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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/326

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poète comme celui-là, fier et gueux ».

Le jeune Branghton « Mais, avec tout cela, il faut bien qu’il vive et qu’il mange : d’ailleurs, il n’est pas Écossais pour rien ; ces gens ne viennent ici que pour vivre à nos dépens ».

La situation de cet étranger excita à la fois ma compassion et ma curiosité ; et je témoignai quelque envie de savoir d’autres détails.

J’appris alors qu’il demeuroit dans la maison depuis trois mois ; que dans les premiers temps, il s’étoit mis en pension chez les Branghton ; mais que bientôt après il s’étoit retiré de leur table. « Depuis cette époque, ajouta miss Polly, on ne lui a vu prendre aucune nourriture, et Dieu sait s’il a de quoi mettre sous la dent. Il a toujours eu un air abattu ; mais pendant l’espace d’un mois, il nous a paru plus endormi que jamais : il a pris le deuil tout d’un coup, sans qu’on sache pour qui, ni à quelle occasion : nous croyons que c’est uniquement par goût ; car personne ne se met en peine de lui, et nous doutons qu’il ait une famille. Ce qu’il y a de plus certain, c’est qu’il est en arrière de trois semaines de loyer, et ses fonds doivent être très-bas : quelques pièces de vers