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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/332

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pouvois me débarrasser de lui, je lui déclarai net que mon parti étoit pris, et que je n’accepterois point son billet. Une réponse aussi ferme le décontenança, et il jugea à propos de me demander mes raisons.

Tout autre que lui les auroit aisément devinées ; mais comme il ne parut pas s’en douter, je crus qu’il seroit déplacé d’en venir à des explications. Il me prévint d’ailleurs. « Mais, en vérité, madame, vous êtes trop modeste ; je vous assure que ce billet est entièrement à votre service, et je serai très-flatté d’avoir l’honneur de danser avec vous : plus de façons, je vous en prie ».

« Vous vous trompez, monsieur, lui répondis-je ; je ne suis pas capable de penser que vous m’ayez offert une politesse, sans avoir l’intention de me la faire accepter : mais il seroit inutile de vous alléguer les raisons de mon refus, puisque également il ne dépend pas de vous de lever mes difficultés ».

Cette réplique sembla le mortifier un peu, et je n’en fus pas fâchée, car je ne goûtois pas trop les libertés qu’il se donnoit. Persuadé enfin que toutes ses instances étoient inutiles, il se tourna vers madame Duval, et la pria d’intercéder