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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/34

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Sa physionomie et toute sa figure s’accordent pleinement avec l’idée que je me formois d’une beauté parfaite ; et la chose est si frappante, qu’il n’y a pas moyen de la passer sous silence, quoique nous attachions, vous et moi, peu de prix à un aussi frêle avantage. Si j’avois ignoré de qui elle tient son éducation, j’aurois été en peine, au premier coup-d’œil, de son esprit : on a remarqué depuis long-temps, et avec raison, que la sottise va presque toujours de pair avec la beauté.

Elle a la même douceur dans les manières, les mêmes grâces naturelles dans sa démarche, qui distinguoient si favorablement sa mère. Son caractère est l’ingénuité, la naïveté même ; et, quoique douée d’un jugement exquis et d’une grande pénétration d’esprit, elle y joint un certain air d’inexpérience et d’innocence qui la rend on ne peut pas plus intéressante.

Vous auriez tort de regretter la retraite dans laquelle elle a vécu ; un penchant naturel à obliger, et des façons infiniment prévenantes, lui tiennent lieu de cette politesse qu’on acquiert dans le grand monde.

Je remarquai, à ma satisfaction, que cette aimable enfant s’attache de plus