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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/383

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une précipitation qui marquoit sa surprise et son trouble.

Quelques minutes après, la famille est venue nous joindre : M. Smith étoit engagé en ville.

On délibéroit si nous sortirions malgré le mauvais temps ; M. Branghton nous a conseillé de patienter encore, et de monter en attendant dans sa chambre. Son invitation a été acceptée, et je me préparois à le suivre, quand je vis que M. Macartney, qui avoit fermé son livre, me fixoit avec une attention particulière. Je m’apperçus qu’il desiroit de me parler ; et, pour lui en faciliter le moyen, je revins sur mes pas, après que tout le monde se fut retiré de la boutique. J’espérois que cette démarche l’encourageroit à s’expliquer ; mais elle ne fit qu’augmenter son embarras. Il se promenoit à grands pas en soupirant : enfin il se jeta dans un fauteuil.

J’étois trop affectée pour être témoin de son angoisse, et j’allois le quitter, pour lui laisser le temps de se remettre. Il me rappela. « Madame, au nom du ciel » ! me dit-il.

Il s’interrompit, et je fis de mon mieux pour lui cacher le trouble dont j’étois moi-même agitée. Je me flattois qu’il en