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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/80

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lua profondément, me fit ses excuses, et me protesta que pour tout au monde il ne m’offenseroit point.

« Si cela est, monsieur, je vous prie de me quitter ».

« Je m’en vais, madame, je m’en vais » ! Il prononça ces paroles d’un ton vraiment tragique, et aussi-tôt je le perdis de vue ; mais à peine avois-je eu le temps de me féliciter de son absence, que je le vis reparoître.

« Pouviez-vous réellement me laisser partir sans le moindre regret ? Pouvez-vous me voir souffrir des tourmens inexprimables, et conserver toutes vos bonnes graces pour l’infidèle qui vous abandonne ? L’ingrat ! le fat ! je serois capable de le régaler d’une bastonnade ».

« Au nom du ciel, s’écria madame Mirvan, de qui monsieur parle-t-il » ?

« Qu’est-ce donc que tout cela » ? interrompit le capitaine.

L’inconnu lui fit une profonde révérence, et lui dit : « Il ne s’agit, monsieur, que d’une petite difficulté ; cette jeune demoiselle me refuse l’honneur de danser avec moi, et je tâche de la fléchir. Vous m’obligerez sensiblement, si vous voulez bien vous employer en ma faveur ».