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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/89

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Je rougis jusqu’au blanc des yeux : je voulus retirer ma main, Orville la baisa respectueusement, et répondit : « Vous me faites trop d’honneur, monsieur » ; et s’adressant à madame Mirvan : « Je me féliciterai d’en profiter, si madame permet que je cherche quelqu’un pour faire sa partie ».

Je ne pus supporter l’idée de le contraindre à danser malgré lui, et je m’écriai avec impatience : « Non, absolument pas, je vous supplie ».

« Ordonnez-vous, me dit l’odieux inconnu, que je me charge du soin de trouver la partie de madame » ?

« Non, monsieur», lui répondis-je en lui tournant le dos.

« De quoi est-il question, ma chère » ? demanda madame Mirvan.

« De rien, madame, de rien du tout ».

« Mais danserez-vous, ou non ? Vous voyez que mylord vous attend ».

« J’espère que non, je vous prie ; je ne saurois pour tout au monde… Je suis sûre que… ».

J’avois perdu la parole ; et cet effronté, résolu d’approfondir si je l’avois trompé ou non, s’adressa de nouveau au lord Orville, qui ne savoit quel parti prendre : « Mylord, lui dit-il, je m’en