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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/155

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réflexion, et ce fut M. Coverley qui l’interrompit. Il trouva que mylord Orville avoit toujours une singulière façon d’envisager les choses. L’incorrigible lord Merton ajouta que si on goûtoit ce plan, il proposeroit son gros suisse pour être de moitié avec lui. Enfin on renonça à la partie, ou du moins on la remit à une autre occasion.

La conversation prit ensuite une tournure différente, mais je ne m’en occupai guère, mylord Orville ayant renoué la nôtre : « D’où vient, miss Anville, que vous êtes si pensive » ?

« Je suis fâchée, mylord, d’être du nombre de ceux qui ont encouru votre censure ».

« Ma censure ! vous m’étonnez, madame ».

« Oui, mylord, et j’ai honte de la mériter ; j’ai donné ma voix comme une étourdie, et la vôtre me prouve qu’il auroit été bien plus louable de la tourner au profit de l’humanité ».

« Vous prenez la chose au sérieux, et je serois presque tenté de croire que votre réflexion enveloppe un reproche de ma propre conduite ».

« Comment donc, mylord » ?

« En effet, qui de nous deux auroit