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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/167

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j’espère qu’on ne m’a point attendue ».

« Comment, madame, croyez-vous qu’on puisse déjeûner à son aise, quand on craint que vous vous soyez enfuie ; mais venez, de grace, on croiroit sans cela que vous m’avez fait déserter aussi par attraction ».

« Je suis à vous dans l’instant ». Puis me tournant vers M. Macartney, je lui souhaitai le bonjour.

Il me suivit son rouleau à la main : « Non, lui dis-je, ce sera pour une autre fois ».

« Pourrai-je donc avoir l’honneur de vous revoir encore » ?

Je n’osai pas inviter un étranger chez madame Beaumont, et je n’eus pas non plus assez de présence d’esprit pour lui faire mes excuses ; ainsi ne sachant comment le refuser, je lui proposai que s’il se promenoit demain de ce côté à la même heure, je pourrois bien l’y rencontrer.

M. Macartney nous ayant quittés, j’observai que mylord Orville changeoit de visage ; il ne m’offrit point son bras, et marchoit tristement à côté de moi sans parler. Je me doutai d’abord de ce qui pouvoit avoir donné lieu à une altération aussi subite : auroit-il pris ombrage, me disois-je, de cet entretien matineux ? quoi ! s’il s’imaginoit que cette