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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/190

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nous pouvions croire qu’en rendant justice à vos vertus, il auroit assez de grandeur d’ame pour répondre aux sentimens qu’il vous a inspirés, alors je n’envierois point à mon Evelina la société d’un homme qu’elle estime et qu’elle admire ; mais nous ne vivons pas dans un siècle où il faille s’en rapporter aux apparences, et il vaut mieux prévenir une démarche imprudente, que d’avoir ensuite à la regretter. Vous me dites que votre santé a beaucoup gagné ; j’en suis fort aise, et vous aurez d’autant moins de difficulté à quitter Bristol. — Y consentirez-vous ? Mon intention n’est cependant pas de brusquer votre départ : quelques jours après que vous aurez reçu cette lettre, voilà tout ce que je demande. J’écrirai à madame Selwyn, et lui dirai combien je souhaite votre retour. Madame Clinton aura soin de vous en route.

J’ai balancé long-temps avant que de me résoudre à exiger de vous une complaisance : sans doute vous y souscrirez avec peine, et j’aurois désiré de trouver le moyen de concilier à la fois votre bonheur et vos goûts ; mais la chose m’a paru impossible, et j’ai dû prendre le parti le plus sûr : le temps nous appren-