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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/213

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Je fis semblant d’être occupée d’une lecture, et mylord Orville remit en sortant un livre à M. Macartney, en le priant de le parcourir : il ajouta qu’il étoit obligé de répondre à une lettre qui ne souffroit point de délai, et il promit d’être incessamment de retour.

Il n’eut pas plutôt fermé la porte, que M. Macartney renouvela ses instances pour me faire accepter l’argent que je lui avois avancé. Des objets plus intéressans me firent passer cette offre entièrement sous silence. « De grace, lui demandai-je, connoissez-vous la jeune demoiselle que nous avons vue hier matin à la fontaine » ?

« Si je la connois ! que trop, hélas ! Et pourquoi, madame, me faites-vous cette question » ?

« Commencez, je vous supplie, monsieur, par satisfaire ma curiosité : qui est-elle » ?

« Je m’étois proposé d’en garder le secret ; mais je n’ai rien à refuser à miss Anville. Cette dame est — la fille de John Belmont — la fille de mon père » !

« Juste ciel » ! m’écriai-je en m’appuyant sur son bras. Vous êtes donc mon frère, aurois-je voulu ajouter ; mais