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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/223

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Je me plaçai, comme de coutume, dans une des croisées. Orville ne tarda pas à me joindre : « D’où vient, me dit-il, que miss Anville est si sérieuse » ?

« Non pas sérieuse, mylord, je dirois plutôt hébétée », et en même temps j’ouvris un livre qui se trouvoit là sous ma main.

« Irez-vous ce soir à l’assemblée » ?

« Non, mylord, assurément pas ».

« Je n’en serai donc pas non plus ; j’ai eu trop de plaisir à la dernière, pour être tenté d’en perdre le souvenir ».

Madame Selwyn étant de retour, toute la société fit partie de passer la soirée à l’assemblée ; il n’y a que moi qui ne fus point invitée ; mylord Orville refusa sous prétexte d’occupation.

Madame Selwyn étoit prête à s’en aller avec moi, mais elle ne put s’empêcher de me jouer une pièce de sa façon : « Mylord Orville, s’écria-t-elle, a-t-il obtenu la permission de nous suivre » ? Celui-ci lui répondit qu’il n’avoit pas eu la vanité de la demander, et nous sortîmes enfin.

Madame Selwyn me tourmenta en chemin d’une manière impitoyable. Elle me dit que puisque j’avois refusé d’admettre parmi nous un homme de si bonne so-