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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/232

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Mylord Orville fut la première personne que nous vîmes dans le jardin ; il ne parut guère content de se rencontrer avec sir Clément, et j’observai qu’ils changèrent tous deux de visage.

Nous retrouvâmes dans la salle la même compagnie que nous y avions laissée le matin ; madame Selwyn présenta sir Clément à madame Beaumont ; il connoissoit déjà lady Louise et mylord Merton. La conversation roula sur des lieux communs ; le beau temps, les étrangers des eaux, les nouvelles du jour, occupèrent tous les esprits : sir Clément seul affecta de me parler en particulier.

Quelle différence entre mylord Orville et lui ! L’un se distingue par la douceur de ses manières, par la délicatesse de sa conduite, par un air respectueux, qui, au milieu des propos les plus flatteurs, me laisse toujours à mon aise : l’autre me surcharge d’une politesse outrée ; ses attentions trop marquées deviennent embarrassantes, et il y attache un air d’importance qui n’échappe à personne. On diroit que cette publicité lui plaît, car il prend soin d’écarter tous ceux qui seroient tentés de me parler.

Lorsqu’il fut parti, mylord Orville s’approcha avec un sourire malin :