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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/301

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der s’il est possible que vous daigniez m’avouer ; moi, cet inconnu, cet infortuné, qui ne connoissois d’autre ressource que votre générosité, moi qui n’ai été sauvé du précipice que par vos bienfaits ! Oh ! madame, pouvez-vous sans rougir consentir à reconnoître ce même homme pour frère » ?

« Cessez, cessez ce langage ; est-ce ainsi que vous devez parler à une sœur ? n’avons-nous pas des obligations mutuelles à remplir ? et ne me permettriez-vous point d’espérer de votre part tous les services que vous seriez en état de me rendre ? — Mais, avant tout, dites-moi ; où avez-vous laissé notre père » ?

« Il est ici aux eaux depuis hier matin ».

J’aurois poussé plus loin ces informations, si mylord Orville n’étoit pas survenu. Il fut un peu surpris de me trouver tête-à-tête avec M. Macartney, et il se seroit retiré sans doute, si je ne l’avois pressé d’entrer.

Nous nous regardâmes tous sans rien dire, et je crois que chacun de nous fut un peu décontenancé. M. Macartney rompit enfin le silence, et fit ses excuses à mylord Orville de la liberté qu’il avoit