Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas à nous être rendue ; la visite de madame Selwyn fut acceptée dans la matinée même.

Elle auroit désiré que je la suivisse immédiatement, mais je la suppliai de m’épargner le trouble d’une entrevue aussi peu ménagée, et de m’en préparer auparavant les voies. Elle n’y consentit qu’à regret, et se décida enfin à partir seule, accompagnée de son domestique.

Son absence ne fut pas de deux heures, mais ce temps me dura un siècle ; mille conjectures, mille craintes roulèrent dans mon esprit. J’étois restée seule dans ma chambre ; l’inquiétude où j’étois ne me permit de voir personne, pas même mylord Orville.

Dès que j’apperçus madame Selwyn de ma fenêtre, je volai à sa rencontre dans le jardin ; elle me conduisit dans un des berceaux.

Le mécontentement que je démêlai dans sa physionomie, ne me présagea rien de favorable du succès de sa commission. Son silence augmenta encore mes appréhensions, et je lui demandai d’une voix tremblante, si j’osois me flatter d’avoir retrouvé un père.

« Hélas ! non, ma chère », me répondit-elle brusquement.