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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/323

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de ce pauvre enfant ; — dites-lui que je ne suis point un barbare, — dites-lui que dans ce moment je mourrois de mille morts pour elle : — mais ma raison s’égare, je ne saurois la voir davantage ». Il remonta l’escalier dans une espèce de frénésie.

N’avois-je pas raison, monsieur, de redouter cette terrible entrevue ? Ne devois-je pas prévoir qu’elle seroit également pénible et douloureuse pour mon père et pour moi ? Madame Selwyn voulut retourner d’abord à Clifton, mais je la priai d’attendre un moment, puisqu’il seroit possible que mon père, revenu de sa première émotion, m’admît encore en sa présence. Je n’eus point cette consolation ; sir Belmont nous envoya un domestique pour s’informer comment je me trouvois ; il fit dire aussi à madame Selwyn, qu’il se sentoit fort incommodé, mais qu’il espéroit avoir l’honneur de la revoir le lendemain : on convint que ce seroit à dix heures, après quoi nous remontâmes en voiture. Je quittai la maison avec un cœur oppressé ; ces paroles affligeantes, je ne saurois la voir davantage, restèrent gravées profondément dans mon esprit.

La vue de mylord Orville, qui vint