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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/332

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Cette nouvelle inattendue me jeta dans la plus grande consternation ; j’osois à peine la croire, et dans mon étonnement je m’écriai : « Ô ciel ! que dites-vous là, madame » ?

« Effectivement il y a de quoi s’effrayer : devenir à la fois comtesse, et épouser l’homme qu’on adore, — cela est terrible » !

Je la suppliai de m’épargner les railleries, et de me parler sérieusement. Elle consentit à m’informer de tout ce qui s’étoit passé ; mais je ne fus point quitte de ses plaisanteries.

Mon pauvre père, m’a-t-elle dit, est toujours dans une extrême agitation. Il s’est expliqué avec la plus grande franchise ; le sort de ses deux filles l’inquiette également ; il craint de revoir celle qu’il a retrouvée, et il tremble d’annoncer à l’autre la nouvelle terrassante de sa disgrace. Madame Selwyn a jugé à propos de le mettre au fait de mes relations avec mylord Orville ; cette découverte l’a rempli de joie ; il consent à tout, il approuve même l’empressement du lord, et il verra volontiers que notre mariage se fasse le plutôt possible. Sir Belmont, continua madame Selwyn, a payé ma confidence d’un parfait retour ; il m’a