Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins de répugnance. Peut-être un temps viendra, où je goûterai toute la consolation que je devrois ressentir d’avoir une telle fille ; — mais pour le moment je dois être seul ; j’ai besoin d’être laissé à mes réflexions ; elles sont terribles, et je ne veux pas que tu les partages avec moi. — Adieu, mon enfant, ne t’inquiète point : — je ne saurois rester avec toi, Évelina ; ta physionomie est un poignard pour mon cœur, — chacun de tes regards me rappelle ta mère ».

Ses larmes et ses soupirs l’empêchèrent d’en dire davantage ; il s’arracha d’entre mes bras, et il alloit sortir, mais je le retins de toutes mes forces : « Ah ! monsieur, pensez-vous déjà à me quitter ? — Suis-je redevenue orpheline ? — Oh ! mon cher père ; ne m’abandonnez pas, je vous en conjure ; prenez pitié de votre fille, et ne la privez pas d’un père dont l’amour lui est si nécessaire».

« Tu ne sais ce que tu me demandes, mon enfant les secousses que mon ame éprouve dans cet instant sont trop fortes pour être supportées plus long-temps, il faut que je te quitte. Ne t’imagine pas que c’est par dureté, j’en suis