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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/38

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furent trompées, et je compris que j’avois fait une nouvelle imprudence en quittant aussi brusquement l’Écosse. Mon père étoit retombé malade après avoir été guéri de sa blessure, et au bout de six semaines j’appris par une lettre de mon ami que le voyage avoit été différé pour quelque temps.

Mes finances étoient presque épuisées, et je me vis obligé, malgré moi, de recourir encore à ma mère pour la prier de m’aider à retourner en Écosse. Hélas ! la réponse que je reçus n’étoit point de sa main ; — une dame qui, pendant plusieurs années, avoit été sa compagne, m’écrivit que son amie avoit été attaquée d’une fièvre maligne, et que nous avions eu le malheur de la perdre.

Vous jugerez aisément, madame, de l’impression que devoient produire sur moi tant de coups redoublés.

La dame dont je vous parle m’adressoit une lettre que ma mère avoit écrite pendant sa maladie, avec beaucoup de difficulté, à un de nos proches parens ; elle y dépeignoit ma situation avec une tendresse vraiment maternelle, et elle supplioit ce parent d’employer ses bons offices pour me procurer une place.