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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/56

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Si du temps où je vivois encore dans le cercle du beau monde, j’ai admiré les manières distinguées et le bon goût de ce gentilhomme, je vous laisse à juger, monsieur, combien il devoit me frapper davantage, aujourd’hui où je me vois reléguée dans une classe de gens qui n’ont aucune idée de ce que c’est que politesse ou bienséance !

Je suis sûre que je reçus le lord assez gauchement, et cela est facile à comprendre : le rôle que j’avois à jouer devant lui n’étoit ni aisé, ni brillant. Après les premiers complimens d’usage, il me dit : « Je m’estime heureux de trouver miss Anville chez elle, et, ce qui m’est bien plus agréable encore, de pouvoir lui parler sans témoins ».

Je lui fis une révérence ; il m’entretint alors de madame Mirvan, de mon séjour à Londres, et de quelques autres sujets indifférent, qui me laissèrent heureusement le temps de me remettre ; après quoi il entama la conversation.

« Si miss Anville me permet de passer quelques minutes avec elle, je prendrai la liberté de l’informer du principal motif de ma visite ».

Nous prîmes des siéges, et il continua ainsi :